Andalucia, je me souviens...
Photo: La Licorne autour du monde
« A tous mes frères de caisses et de camion, à ceux dont les noms ne figureront jamais aux palmarès des plus grands concours, à ceux qui changeront de main à leur retour du grand sud, à ceux qui, comme moi, ne sont tout simplement pas revenus, à ceux… »
Depuis le temps que je patiente dans la caisse noire de ce camion
Tant d’heures passées là dedans à entendre respirer mes compagnons,
Leur chaleur et leur odeur ont fini par me renverser le coeur
Quelqu'un a enfin touché le verrou et j'ai plongé vers le grand jour
Un homme en gilet devant moi, derrière lui, j'ai vu la plaine, immense
Et d’autres gens autour...
Dans les premiers moments, j'ai cru qu'il fallait seulement courir,
Mais cette place est sans issue, je commence à comprendre
Ils ont refermé la grille derrière moi, ils ont eu peur que je recule,
Je vais bien finir par les avoir ces oiseaux qui me narguent
Est-ce que ce monde est sérieux ?
Andalousie je me souviens, les prairies bordées de cactus,
Je ne vais pas trembler devant cet homme qui siffle éperdument,
Est-ce que ce monde est sérieux ?
J'en ai poursuivi des fantômes, presque touché leurs ailes…
Il a piqué fort dans mon cou pour que je fasse demi tour,
Ils sortent d'où ces acrobates avec leur gilet de pantomime?
Je n’ai jamais appris à me battre contre des figurines
Sentir enfin l’herbe fraîche sous mes pattes, c'est fou comme ça peut faire du bien,
J'ai prié pour que tout s'arrête, Andalousie, je me souviens
Je l’entends hurler comme je fuis, je le vois danser comme je m’échappe…
Est-ce que ce monde est sérieux ?
Si, si hombre, hombre, baila, baila, hay que bailar de nuevo, y mataremos otros, otras vidas, otros toros, y mataremos otros,
Inspiration : La « Corrida » de Francis Cabrel.