Argentia Mist

Argentia Mist Braque de Weimar

Braque de Weimar

Quelques réflexions

Quelques réflexions

Argentia Mist Fidelio


J'ai commencé à exister dans le milieu de la cynophilie par le biais de la compétition, je n'avais alors aucun projet d'élevage, j'avais juste plaisir à présenter mon chien et à faire de mon mieux pour le mettre en valeur sur un ring ou sur un terrain. J'ai choisi mon premier chien sur des critères assez subjectifs de race, de proximité géographique, de prix, de sympathie pour ses naisseurs, etc. J'ai eu de la chance, j'ai eu dans les mains un très bon chien mais au début je ne le savais pas, quelques juges auxquels je l'avais présenté me l'ont dit et m'ont donné l'envie de poursuivre avec lui, j'ai donc donné à mon chien les moyens d'acquérir une notoriété dans sa race qui rejaillissant sur moi m'a parfois donné le sentiment d'être arrivée quelque part. Sentiment d'autosatisfaction assez humain, très grisant mais très stérile surtout. J'ai finalement pris conscience que je n'étais pas allée très loin et que même j'étais plutôt au début du chemin et que le plus dur restait à faire. Je voulais continuer à exister dans cet univers du chien de sport mais en exprimant des choses plus personnelles.


L'étape suivante fut donc de réfléchir à la notion d'élevage. C'est alors que certaines évidences se sont imposées dans ma réflexion, des évidences génétiques. Les mots de lignées, bases d'élevage, consanguinité, sélection qui n'avaient de sens que celui que leur donnaient mes cours de zootechnie lorsque j'étais étudiante vétérinaire ont pris tout à coup une dimension pratique que je pouvais alors mesurer. J'avais quelques clefs encore fallait-il bien les utiliser. Tout d'abord il me fallait définir une conception générale de l'élevage, donner un sens personnel à ce mot, puis définir l'éthique du cadre de travail.


Il est pour moi important que le mot "Elever" soit synonyme de "faire naitre" en tentant d'améliorer chez les chiots les qualités des géniteurs ou au pire en essayant de ne pas perdre ce qui existe déjà chez les ascendants. Ensuite pour savoir si l'on est sur la bonne voie, il faudrait tester de façon relativement intransigeante les chiots obtenus au moyen de critères que l'on se fixerait au départ et que l'on se devrait si l'on est rigoureux de respecter (ces critères pouvant être des critères morphologiques ou des aptitudes sportives à la compétition). Tester nécessite un suivi objectif des chiots et donc parfois de les garder auprès de soi un temps durant.  Car peut-on présumer sérieusement de l'avenir d'un chiot à 8 semaines? Qu'est-il possible de dire de lui à part qu'il est construit correctement sans gros défaut majeur et qu'il semble avoir un bon tempérament?


La génétique n'étant pas une science exacte, il y a une grande incertitude sur les jeunes obtenus que l'on peut essayer tant bien que mal de compenser en ne considérant pas seulement les géniteurs utilisés mais en évaluant leurs ascendants. On travaille alors sur un croisement de lignées et non plus sur une combinaison de deux individus. Toutefois la seule évaluation des lignées est-elle suffisante pour prédire de l'avenir des produits? Pas toujours (les exceptions confirment la règle) mais malgré tout dans l'histoire de la cynophilie les grands reproducteurs (pas forcément les plus grand compétiteurs) sont pour la plupart issus d'une vraie sélection conduite avec efficacité et intelligence. Certains très grands champions n'ont malheureusement pas reproduits des sujets de leur valeur. Ceux là souvent étaient issus d'ascendants inconnus croisés un peu au hasard, le sujet d'exception issu de ces croisements est alors un "cul de sac" génétique.


Déjà au sortir de ces précédentes considérations quelques évidences s'imposent à moi:


Élever nécessite d'avoir un regard critique et honnête sur sa production puisqu'il faut déterminer si il y a eu ou non amélioration.


Elever nécessite de l'humilité puisqu'il faut accepter d'échouer, le reconnaître et se décider à prendre un tout autre chemin.


Elever peut difficilement rimer avec rentabilité puisque pour améliorer, il faut parfois aller chercher loin l'améliorateur (trice) présumé(e)s, il faut parfois garder toute une portée pour en étudier les éventuelles qualités, il faut parfois (et c'est le plus dur) accepter de renoncer à utiliser un géniteur quels que soient les investissements affectifs et financiers dont il a été l'objet.


Elever nécessite de la chance, en effet, revenant à cette idée de la génétique comme une science non mathématique combinant le hasard et la nécessité, il y a parfois de très bons croisements qui n'ont pas toujours été murement réfléchis.  Mais ne compter que sur la chance est une entreprise risquée, même si elle fait parfois faire des pas de géant.


Elever demande une certaine expérience et de la transparence. Cacher un défaut, occulter une faiblesse, tricher sur une performance en revient à se tromper soi même en trompant au passage le futur acquéreur d'un chiot.


Elever demande de bien connaître une race, ses géniteurs, leurs points forts comme leurs faiblesses pour mieux les combiner.


Elever est une passion, une préoccupation et une réflexion de tous les instants.


Elever est une fierté modeste qui ne se glorifie pas des victoires faciles obtenues à la volée. Un bon cru peut parfois être suivi d'un mauvais.